La polygraphie ventilatoire est un outil clé dans le diagnostic de l’apnée du sommeil. Mais une fois le traitement instauré – souvent une pression positive continue (PPC) ou une orthèse d’avancée mandibulaire – faut-il prévoir une réévaluation par polygraphie ? Cette question concerne autant les médecins généralistes que les somnologues, dans le suivi à court et à long terme des patients apnéiques.
Rôle initial de la polygraphie
La polygraphie ventilatoire nocturne est indiquée dans la suspicion d’un syndrome d’apnées-hypopnées obstructives du sommeil (SAOS). Elle permet d’évaluer :
- L’index d’apnées-hypopnées (IAH)
- La saturation en oxygène
- La régularité de la respiration
- L’intensité des ronflements
Elle oriente ensuite la décision thérapeutique (PPC, orthèse, chirurgie, etc.).
Traitement en place : pourquoi envisager une nouvelle polygraphie ?
Objectif : vérifier l’efficacité du traitement
Une polygraphie de contrôle peut s’avérer utile pour s’assurer que le traitement permet bien une normalisation de l’IAH et une amélioration des symptômes.
Cas typiques où elle est recommandée :
- Persistances des symptômes malgré la PPC
- Suspicion de fuites masques ou mauvaise tolérance
- Perte de poids importante ou changement de condition anatomique
- Comorbidité nouvelle (ex : insuffisance cardiaque, AVC)
Adapter la stratégie thérapeutique
Si la polygraphie de contrôle montre :
- Un IAH > 10 malgré le traitement
- Des désaturations persistantes
- Une ventilation instable (apnées centrales émergentes)
Il peut être nécessaire de modifier les réglages, envisager un autre type de machine (auto-PPC, ASV) ou réévaluer l’indication de l’orthèse.
Quand éviter une répétition systématique ?
En cas de bonne réponse clinique
Si le patient :
- Tolère bien la PPC
- Ne présente plus de somnolence diurne
- A une observance satisfaisante (≥ 4h/nuit, > 70 % des nuits)
- Et que le rapport de la machine PPC montre une IAH résiduelle < 5
Il n’est pas nécessaire de refaire une polygraphie. Le monitoring intégré suffit au suivi.
Risque de sur-diagnostic ou d’interprétation biaisée
Une polygraphie réalisée dans de mauvaises conditions (mauvaise nuit, stress, usage ponctuel de la PPC) peut donner un faux positif, incitant à des ajustements non justifiés.
Orthèse d’avancée mandibulaire : un cas particulier
Contrairement à la PPC, les orthèses ne permettent pas un suivi automatique.
Dans ce cas, une polygraphie de contrôle est souvent nécessaire, quelques semaines après l’adaptation complète de l’appareil, pour :
- Vérifier la réduction de l’IAH
- Confirmer l'efficacité clinique
- Adapter le niveau d’avancée mandibulaire
Recommandations actuelles et bonnes pratiques
Les recommandations de la Haute Autorité de la Santé
Selon la HAS (Haute Autorité de Santé), le recours à une polygraphie post-thérapeutique est justifié en cas de doute sur l’efficacité du traitement ou de symptômes persistants.
Elle ne doit pas être systématique mais intégrée à une évaluation clinique globale.
Suivi coordonné médecin généraliste – spécialiste
Le médecin généraliste joue un rôle clé dans le suivi à long terme. Il peut alerter le somnologue si des signes réapparaissent (fatigue, céphalées, irritabilité) ou si l’observance diminue.
Un dialogue régulier entre les professionnels de santé permet de :
- Détecter les rechutes
- Optimiser les traitements
- Adapter le suivi aux évolutions du patient
La polygraphie post-traitement n’est pas systématique, mais elle reste un outil précieux en cas de doute sur l’efficacité du traitement ou de modification du contexte clinique. Le suivi de l’apnée du sommeil repose avant tout sur une approche individualisée, combinant données objectives (IAH, observance) et ressenti du patient.
Une polygraphie bien ciblée = un meilleur ajustement thérapeutique, pour un sommeil plus réparateur.