Tabagisme et SAOS

Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) touche une proportion croissante d’adultes, souvent en lien avec des facteurs de risque bien connus : obésité, âge, sexe masculin… Mais le tabagisme, actif ou passif, est encore trop souvent sous-estimé dans son rôle aggravant du SAOS.

Pourtant, les données cliniques et physiopathologiques confirment un lien fort entre consommation de tabac et sévérité des troubles respiratoires nocturnes.

Le tabagisme : un facteur aggravant du SAOS

Inflammation chronique des voies respiratoires

La fumée de cigarette provoque une inflammation persistante de la muqueuse nasopharyngée, avec :

  • Hyperplasie des glandes muqueuses
  • Infiltration lymphocytaire
  • Œdème de la muqueuse

Résultat : réduction du calibre des voies aériennes supérieures, favorisant leur effondrement pendant le sommeil, mécanisme central du SAOS.

Augmentation de la résistance des voies respiratoires

Le tabagisme augmente la résistance au flux d’air, en particulier au niveau nasal et pharyngé. Cela entraîne une majoration de l’effort inspiratoire, accentuant les déséquilibres de pression et facilitant les épisodes d’apnée ou d’hypopnée.

Corrélation entre tabagisme et sévérité du SAOS

Plusieurs études montrent que :

  • Les fumeurs ont un IAH (index d’apnées-hypopnées) plus élevé que les non-fumeurs
  • La durée et l’intensité du tabagisme (nombre de paquets-années) sont corrélées à la sévérité des symptômes
  • Les symptômes nocturnes (ronflements, éveils fréquents, toux) sont plus marqués chez les fumeurs

Une méta-analyse publiée dans Sleep Medicine (2018) souligne une augmentation du risque de SAOS de 40 à 60 % chez les fumeurs actifs.

Symptômes majorés chez les fumeurs

Symptômes nocturnes

  • Ronflements plus bruyants et constants
  • Toux nocturne irritative
  • Sensation de gorge sèche au réveil
  • Augmentation des micro-éveils et fragmentation du sommeil


Symptômes diurnes

  • Somnolence plus marquée que chez les non-fumeurs à IAH équivalent
  • Fatigue chronique, difficulté de concentration
  • Irritabilité accrue et humeur instable
  • Le tabagisme a également un effet négatif sur la fonction neurocognitive, accentuant les troubles déjà causés par le SAOS.

Impact du tabagisme sur l’observance du traitement

Moindre tolérance à la PPC

Les fumeurs présentent souvent :

  • Une sécheresse nasale importante, rendant la PPC inconfortable
  • Des troubles ORL chroniques (rhinite, sinusite)
  • Une mauvaise adhésion aux soins, liée à un mode de vie globalement moins hygiénique

Cela compromet l’efficacité du traitement, malgré une bonne indication de départ.

Risques accrus en cas de comorbidités

Le tabagisme associé à un SAOS multiplie les risques cardiovasculaires, métaboliques et neurologiques. Les patients fumeurs SAOS présentent :

  • Une incidence plus élevée d’AVC et d’infarctus
  • Une fréquence accrue d’HTA résistante
  • Un risque de diabète de type 2 aggravé



Sevrage tabagique : un levier pour améliorer le SAOS

Encourager le sevrage tabagique chez les patients SAOS permet :

  • De réduire l’inflammation des voies respiratoires
  • D’améliorer la perméabilité nasale
  • D’augmenter la tolérance à la PPC
  • Et parfois même de réduire la sévérité du SAOS

Le médecin généraliste, en première ligne, joue un rôle clé dans la démarche de motivation au sevrage, en lien avec le pneumologue et le centre du sommeil.

Le tabagisme constitue un facteur aggravant majeur du SAOS, en agissant à la fois sur la physiologie respiratoire, les symptômes, l’observance au traitement et le risque cardiovasculaire. Intégrer systématiquement l’évaluation du statut tabagique dans la prise en charge du SAOS est essentiel.


Pour le patient SAOS, arrêter de fumer, c’est non seulement protéger ses poumons, mais aussi améliorer son sommeil, sa vigilance… et sa qualité de vie.

Quels sont les symptômes nocturnes et diurnes à repérer